« Les lectures électriques - Vers la Palestine » est né de la rencontre entre Laurie Bellanca et Soukaina Habiballah, toutes deux engagées dans une recherche littéraire précise (l’une par la lecture et l’autre par l’écriture) au sein de laquelle les mots et leurs formes vivantes donnent lieu à une approche sensible . A l’heure où les bibliothèques et les lieux d’archives partent en fumée ou s’écroulent sous la violence à Gaza et ailleurs, quelle est encore notre capacité à faire des livres des objets de liens, de complexités, de mémoire ou de combat?
Ce qui se trame sur le papier prend entre les voix, la forme d'un dialogue parfois lacunaire ou désaxé, qui font apparaître les limites attendues des territoires - que ces derniers soient de sol, de langue, de genre ou de style - plus poreuses qu’elles n’y paraissent. Lorsque les frontières rendent toute forme de vie impossible, que pouvons-nous faire des démarcations meurtrières, de leurs sillons tristes si ce n’est , en signe de résistance, des lignes, précisément , sur lesquelles lire, écrire, particulièrement aujourd’hui et plus que jamais, les mots d'un monde qui appelle notre attention.
Des multiples formes de traduction possible entre l’arabe et le français, des subtilités du langage écrit ou oral en passant par les similarités, les complémentarités ou les héritages induits comme imposés de ces deux langues, cette édition bilingue des Lectures fait la part belle à la musicalité possible d’une forme de lutte par la poésie auprès des mots de Maya ABU ALHAYYAT, Aliyeh ATAEI, Adania SHIBLI, Abdelatif LAABI, Dalia TAHA , Asmaa AZAIZEH, Benjamin COLIN, Etel ADNAN et bien sur ceux de Soukaina Habiballah.
J’ai une maison quelque part j’en suis sûre. Et jusqu’à ce que je la trouve, mes mains continueront chaque nuit à sangloter des clés.
Soukaina Habiballah